À compter du 15 février 2023, les cartouches à plomb seront interdites à moins de 100 mètres des « zones humides ».
En attendant l’interdiction totale prévue dans cinq ans sur l’ensemble du territoire national.
La mobilisation de toutes les instances européennes représentant les chasseurs et la filière chasse n’a pas suffi. Rien ne va plus, les jeux sont faits ! La grenaille de chasse formée de plomb sera interdite à compter du 15 février 2023 à l’intérieur ou à moins de 100 mètres des zones humides. Ce règlement est le résultat d’une volonté poussée par la Commission européenne depuis des années. C’est une première étape avant l’interdiction totale qui devrait intervenir dans les cinq ans à venir. Le dernier vote au Parlement européen, le 25 novembre 2020, a été un échec pour les chasseurs.
Nécessité fait loi. Willy Schraen, le président de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) souhaite engager avec les industriels européens de la munition un programme de recherche et de développement pour parvenir à trouver un matériau de substitution qui respecte ces critères : un prix quasiment équivalent au plomb et un matériau qui puisse être utilisé avec les fusils anciens avec la même efficacité que le plomb.
Armes inutilisables
Pour la FNC, c’est vital. En effet, si la Commission européenne impose une interdiction totale à terme – ce qui nous pend au nez – les conséquences seront catastrophiques pour la chasse populaire.
La FNC a travaillé sur l’impact économique de cette mesure. Cela concernerait a minima 650 000 chasseurs. Les armes détenues, à raison d’une moyenne de deux par chasseur, deviendront inutilisables car leur transformation est quasi impossible. En effet, seules deux entreprises en Europe sont capables de les modifier. L’achat d’une nouvelle arme obligera les chasseurs à consacrer un budget moyen de 1 000 à 1 500 euros pour un seul fusil. En moyenne, sur le plan national, le coût de remplacement des armes de chasse est estimé entre 650 et 975 millions d’euros.
Une belle affaire pour les fabricants, dira-t-on. Encore faut-il que le chasseur de base ait envie de payer ! Beaucoup chassent avec le fusil de leur père ou avec le fusil de leur premier permis auxquels ils sont attachés.
Willy Schraen n’est guère optimiste : « au niveau européen sur la chasse du petit gibier, nous allons perdre entre 20 et 50 % des chasseurs ». Le président de la FNC demande au gouvernement – qui jusqu’à présent a ouvert le carnet de chèques sans état d’âme – une « prime à la casse ».
Dès février, ceux qui opèrent à proximité des étangs, des zones inondées, des flaques et des mares devront troquer le plomb pour l’acier. Moins performant que le plomb, moins létal, ce métal, nous l’avons dit, s’accommode mal des canons anciens. Au point que son emploi exige que le canon soit éprouvé. Sinon, il faudra utiliser des cartouches basse pression et donc moins performantes, ou acheter des cartouches au bismuth (1,5 € pièce) ou … Changer de fusil. Pour les carabines, les munitions sans plomb fonctionnent et demandent juste un entretien du canon plus régulier.
Montant du PV : 135 euros
Sur le terrain, on imagine sans peine les discussions entre la garderie et les chasseurs supposés être en infraction. Sont-ils vraiment à plus de cent mètres du plan d’eau comme ils l’affirment ? Et ce fossé à moitié plein ? Vraiment, vous ne l’aviez pas vu ? Et cette cuvette dans la plaine qui pourrait bien être inondée ?
Tout dépendra de l’état d’esprit du représentant de la force publique. Il faut dire, hélas, que les agents de l’Office de la Biodiversité (ex-gardes de l’Office National de la Chasse) ont plutôt une sensibilité écologique.
C’est donc un nouveau coup dur porté à la chasse qui n’en avait pas besoin. L’offensive des adversaires se durcit jour après jour. Après les pétitions en faveur du renard, voici maintenant que l’Aspas, une association anti-chasse, vient de déposer une pétition de 100 000 adhérents opposants au déterrage du blaireau.
C’est la funeste loi des dominos : celui qui tombe entraîne les autres. Après les chasses traditionnelles, on s’attaque à de nouvelles cibles. La vénerie essuie des salves en feu roulant. Du côté des sauvaginiers, l’arme fatale ce sont les « moratoires », reconduits « ad nauseam » quelle que soit l’évolution des espèces. La bernache cravant est en pleine forme. Reviendra-t-elle sur la liste des espèces chassables ? N’y pensons pas. « Moratoire » sur le courlis cendré, « moratoire » sur la barge à queue noire, peut-être un jour « moratoire » sur la bécassine des marais ou le vanneau huppé. Va savoir …
La gestion de la faune ne se fait pas en fonction de critères biologiques, mais en fonction de la pression politique des opposants au niveau européen. À supposer même que le gouvernement tente de calmer le jeu, le Conseil d’État veille à la conformité de ses décisions avec le droit européen. Il paraît pourtant que « l’exception française » est une vertu. On souhaiterait voir ce principe s’appliquer ici.